La relation entre Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko a quitté le registre feutré des non-dits et des signaux indirects. Le duel n’est plus à fleurets mouchetés : l’affrontement est désormais frontal. La récente visite du Chef de l’État à Ziguinchor en a offert une illustration saisissante.Jamais, de Léopold Sédar Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, un président de la République n’avait donné l’image d’un tel isolement lors d’un déplacement officiel. À Ziguinchor, Bassirou Diomaye Faye a fait face à une indifférence glaçante. Le constat est sans appel : il y avait davantage de véhicules dans le cortège présidentiel que de citoyens le long des artères empruntées. Pas de foule, pas même de simples curieux.
Tout porte à croire que ce silence n’était ni fortuit ni spontané. Il ressemblait à un mot d’ordre soigneusement appliqué : boycotter le Chef de l’État et lui signifier, sans slogan ni pancarte, une contestation de sa légitimité politique. Un camouflet aux allures de coup de K.-O., administré en plein fief symbolique de son ancien allié devenu rival.
Face à une telle situation, l’enjeu dépasse les personnes. C’est la fonction présidentielle elle-même qui se trouve exposée au risque de désacralisation. Dans un contexte politique déjà tendu, la banalisation, voire l’humiliation publique du Chef de l’État pourrait fragiliser durablement l’autorité de l’institution.
Pour certains observateurs, l’heure est grave et appelle des décisions fortes. Le Président de la République est interpellé sur ses responsabilités historiques afin de préserver la stabilité et la dignité de l’État. Parmi les options évoquées figure l’organisation d’élections présidentielles anticipées, dans l’objectif de redonner au Sénégal toute la clarté démocratique et les lettres de noblesse de sa tradition politique.
*Par Oumar Osys

