Nder, un village situé sur la rive gauche du lac de Guiers, dans le département de Dagana, plus précisément dans la commune de Gnith, est le berceau de braves guerriers et de femmes qui ont choisi la mort plutôt que l’esclavage. Ancienne capitale du royaume du Waalo, l’armée de Nder a longtemps dominé le nord du Sénégal. Face aux convoitises territoriales de l’ennemi, une attaque a été lancée contre le village, ciblant particulièrement les femmes.

Profitant de l’absence du roi, les assaillants ont attaqué Nder, mais les femmes se sont mobilisées pour défendre leur honneur et leur dignité. Armées des vêtements de guerre de leurs époux, ainsi que d’armes et de chevaux, elles ont mené une bataille acharnée durant plusieurs heures, repoussant l’ennemi jusqu’à Dagana. Une des femmes a été identifiée, et l’ennemi a finalement battu en retraite. La Linguère Mbarka DIA a alors rassemblé toutes les femmes dans une maison, leur déclarant : « Si l’ennemi nous capture, nous deviendrons esclaves, et nos futurs descendants ne seront pas dignes de nous. La seule issue est de mettre le feu à cette maison, jusqu’à la mort. » Elle a également demandé à Seydané, une femme enceinte, de se cacher dans une jarre afin qu’elle puisse raconter cette histoire aux générations futures.

Cette tragédie, connue sous le nom de Talaatay Nder, a profondément marqué l’histoire et est devenue un symbole pour toutes les femmes du Sénégal. Malgré les leçons tirées de cet événement, le village demeure aujourd’hui dans l’oubli.

Nder se trouve dans une zone silvopastorale avec des terres fertiles, où la majorité de la population est composée de paysans. Pour garantir l’autosuffisance en denrées de première nécessité, l’État du Sénégal doit soutenir ce village en aménageant ses terres et en construisant des forages hydrauliques pour aider les agriculteurs à répondre aux besoins locaux. Étant situé à moins de 100 mètres du lac de Guiers, la construction de grands canaux d’irrigation pourrait également desservir de nombreuses régions à l’intérieur du pays grâce à ce fameux « autoroute de l’eau ».

Dans le cadre de la politique sur l’emploi des jeunes, l’agriculture représente un levier très important pour lutter contre l’émigration clandestine. Cela encouragera nos jeunes à rester au pays et à cultiver dignement la terre pour garantir la souveraineté alimentaire.

La route reliant Colona-Nder-Gnith-Keur Momar-Louga est stratégique pour le transport vers l’intérieur du pays, mais elle est impraticable, surtout pendant la saison des pluies, ce qui cause de grandes souffrances aux habitants. L’État avait prévu le projet de la boucle du riz, visant à goudronner les deux rives du lac de Guiers, mais jusqu’à présent rien de concrète.
Les agriculteurs rencontrent de réelles difficultés pour commercialiser leurs produits, dou la nécessité de construire des pistes de production. 

Concernant la santé, la commune de Gnith dispose de trois postes de santé, mais ceux-ci sont très vulnérables. Les femmes enceintes rencontrent des difficultés pour un suivi régulier, et avec la recrudescence des maladies, les populations souffrent pour accéder à des soins adéquats. Nous appelons l’État du Sénégal à construire un district sanitaire à Gnith, à établir un poste de santé à Nder et à fournir les moyens nécessaires à leur fonctionnement.

L’éducation fait également face à de grands défis. La commune ne possède qu’un seul lycée et deux collèges, l’un à Gnith depuis 2005 et l’autre récemment ouvert à Nder. Le CEM de Nder est actuellement logé dans l’école primaire du village, avec un corps professoral très réduit. L’État doit collaborer rapidement avec le conseil départemental pour construire un collège digne de ce nom, permettant aux jeunes élèves d’étudier dans de meilleures conditions.

Avec cette histoire et la création d’un musée, le village pourrait devenir un site touristique, stimulant ainsi le développement de toute la commune de Gnith. C’est pourquoi nous lançons un appel solennel à l’État du Sénégal pour décréter le 7 mars comme la Journée nationale de la femme en mémoire de ces courageuses femmes de Nder. 
Monsieur le Président, le village de Nder mérite reconnaissance et soutien.
Le Talatay Nder est une histoire à enseigner pour les générations futures.

Ousmane Ben THIOYE, l’éternel défenseur de NDER.

Seydou GASSAMA