Le Tchad a annoncé la fin des accords de coopération en matière de sécurité et de défense avec la France, une décision communiquée jeudi 28 novembre 2024 par le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah.
Cette annonce intervient quelques heures après la visite de Jean-Noël Barrot, ministre français de la Transition numérique et des Télécommunications. Une annonce officielle et inattendue . Dans un communiqué publié sur la page Facebook officielle du ministère des Affaires étrangères tchadien, Abderaman Koulamallah a déclaré : « Le Gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française ». Cette décision marque un tournant majeur dans les relations bilatérales entre les deux pays.
Le ministre français, en déplacement en Éthiopie au moment de l’annonce, n’a pas réagi immédiatement. Cependant, cette déclaration a surpris de nombreux observateurs, compte tenu des liens historiques entre Paris et N’Djamena.“Un tournant historique”Selon Abderaman Koulamallah, cette décision n’implique pas une rupture totale avec la France. Dans une déclaration accordée à l’AFP, il a expliqué que « cette décision, prise après une analyse approfondie, marque un tournant historique. En effet, après 66 ans de la proclamation de la République du Tchad, il est temps pour le Tchad d’affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales ».Lors d’un point presse à N’Djamena, le ministre tchadien a appelé la France à « considérer désormais que le Tchad a grandi, a mûri ». Il a réaffirmé que le Tchad est « un État souverain et très jaloux de sa souveraineté », tout en laissant la porte ouverte à des collaborations futures redéfinies.
Un contexte de retrait français en AfriqueCette annonce s’inscrit dans un contexte où l’influence française diminue dans ses anciennes colonies en Afrique de l’Ouest. Des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont récemment expulsé les forces françaises de leurs territoires, contestant leur présence militaire et appelant à un renforcement de leur souveraineté.
Actuellement, près de 1 000 soldats français sont basés au Tchad. Depuis son accession au pouvoir en 2021, le général Mahamat Idriss Déby Itno a maintenu une relation relativement stable avec la France, faisant du Tchad l’un de ses derniers partenaires militaires en Afrique centrale. Toutefois, cette décision pourrait redéfinir les engagements militaires et stratégiques des deux pays.Une dynamique plus large en AfriqueDans le même temps, le Sénégal a également exprimé des réserves sur la présence de bases militaires étrangères sur son territoire. Bassirou Diomaye Faye, un responsable sénégalais, a déclaré que ces bases « contrarient la souveraineté nationale ».
Ce mouvement traduit une volonté générale des États africains de redéfinir leurs relations avec les puissances étrangères, en se concentrant davantage sur leurs priorités internes et en réaffirmant leur indépendance.
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