Les violentes altercations entre les pêcheurs autochtones de Kayar et les pêcheurs saisonniers de Mboro, dans la nuit de samedi à dimanche dernier à hauteur de Khondio, sont très regrettables. Elles révèlent le « mal de mer » du secteur de la pêche artisanale, qui emploie 17% de la population active sénégalaise et qui risque de perdre pied et chavirer.
L’utilisation du monofilament considérée comme la source de la bataille rangée qui a fait plusieurs blessés n’est en réalité que le déclencheur d’un mal beaucoup plus profond : changement climatique, mauvaise gouvernance des pêcheries qui fournissent peu de poissons aux communautés, surpêche industrielle des grandes flottes étrangères qui ramassent tout sur leur passage, pêche illégale et mauvaises pratiques aggravées par le refus de certains pêcheurs traditionnels de se conformer à l’interdiction de la pêche au monofilament pour des raisons de survie.
La combinaison de ces facteurs met à mal les relations de bon voisinage entre pêcheurs d’une même communauté et souvent apparentés, qui en viennent aujourd’hui à recourir à ce niveau de violence pour régler un différend. Le feu couve encore sous la cendre. L’État doit agir rapidement pour tempérer les ardeurs des communautés de pêcheurs afin qu’elles ne soient plus tentées de se faire justice elles-mêmes.
Dr. Mamadou Bodian
Administrateur Général
FDS-Les Guelwaars