L’incident survenu au centre d’examen du nouveau lycée de Kaolack, où le président du jury 1506 a pris la décision d’exclure toute une classe en raison de la présence de téléphones portables, même éteints, met en lumière une problématique cruciale de notre système éducatif : l’utilisation des téléphones portables dans les écoles. La circulaire N°0032 du 7 janvier 2012 stipule sans équivoque l’interdiction stricte des téléphones portables ou dispositifs similaires dans les centres d’examen. Cette interdiction, bien que parfois perçue comme draconienne, est essentielle pour garantir l’intégrité et l’équité des épreuves. L’incident de Kaolack constitue un rappel poignant des défis auxquels nous sommes confrontés pour maintenir ces standards.
Les téléphones portables, bien qu’étant des outils technologiques puissants, présentent plusieurs inconvénients lorsqu’ils sont introduits dans un environnement scolaire. Tout d’abord, ils peuvent être une source majeure de distraction pour les élèves. En classe, les notifications constantes, les réseaux sociaux et autres applications peuvent détourner l’attention des étudiants des activités d’apprentissage. De plus, la présence de téléphones dans les salles d’examen ouvre la porte à la tricherie. Même si les téléphones sont éteints, leur simple présence peut susciter des suspicions et compliquer la tâche des surveillants. Les élèves doivent apprendre à se concentrer sur leurs études sans dépendre de gadgets électroniques.
Un autre aspect problématique de l’utilisation des téléphones portables dans les écoles est la tendance croissante des élèves à filmer leurs enseignants à leur insu. Cette pratique, souvent utilisée pour ridiculiser les enseignants sur les réseaux sociaux, est non seulement un manque flagrant de respect, mais elle crée aussi un climat de méfiance et d’insécurité dans les salles de classe. Les enseignants doivent pouvoir exercer leur métier sans crainte d’être surveillés ou enregistrés sans leur consentement. Cette situation souligne le besoin urgent de réguler l’utilisation des téléphones portables dans les institutions scolaires.
La décision d’interdire les téléphones portables dans les centres d’examen s’inscrit dans une volonté plus large de réformer en profondeur notre système éducatif. Le respect des règles et des institutions est un pilier fondamental de toute société. Les écoles doivent être des lieux où ces valeurs sont inculquées et respectées. Les élèves doivent apprendre à obéir aux règles non seulement pour réussir dans leurs études, mais aussi pour devenir des citoyens responsables et respectueux des lois. Pour réussir ces réformes, une volonté politique forte est indispensable. Le Sénégal doit s’engager à transformer radicalement le visage de l’école publique. Cela passe par des investissements dans les infrastructures scolaires, la formation des enseignants et l’élaboration de politiques éducatives claires et cohérentes.
L’interdiction des téléphones portables doit être appliquée non seulement lors des examens, mais également tout au long de l’année scolaire. Les écoles doivent devenir des environnements propices à l’apprentissage, libres de distractions inutiles. Cette mesure, bien qu’elle puisse sembler restrictive, est en réalité une étape cruciale vers l’amélioration de la qualité de notre éducation. Un exemple édifiant est celui de Yacine Fall, élève de l’académie de Louga, qui a décroché son baccalauréat avec une mention spectaculaire sans jamais avoir possédé de téléphone durant tout son cycle scolaire. Cet exemple démontre que la réussite académique est possible sans dépendance à ces appareils.
L’amélioration de notre système éducatif ne peut se faire sans l’implication de tous : enseignants, parents, élèves et autorités. Chacun a un rôle à jouer pour garantir que nos écoles soient des lieux d’apprentissage et de développement personnel. Comme le disait Danton, « c’est dans les écoles nationales que l’enfant doit sucer le lait républicain. »
En conclusion, l’incident du lycée de Kaolack doit servir de leçon et de point de départ pour une réflexion plus profonde sur l’usage des téléphones portables dans nos institutions scolaires. Pour une éducation de qualité, pour le respect des institutions et pour le bien de nos futurs citoyens, il est crucial de maintenir et de renforcer l’interdiction des téléphones portables dans les écoles. La décision du ministre est un pas dans la bonne direction, et elle mérite d’être saluée et soutenue par tous les acteurs de l’éducation.
Moustapha Boye, professeur de Lettres en service au Lycée de Rosso Bethio et doctorant à l’université Gaston Berger de Saint-Louis
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