Des milliers de jeunes continuent de souffrir en silence, loin des projecteurs des télévisions et des web tv. Ces blessés, ces mutilés de la «démocratie» (ceux qui se sont opposés au système de 2021 à 2024) n’ont que leurs larmes pour panser leurs plaies. Certains n’ont même pas le «privilège» d’une prise en charge médicale. Que vaut, diantre, leur sacrifice ?
Les récits de ces prisonniers… sont glaçants. Des tortionnaires ont volé leur humanité, en transformant leur corps en objet, loque humaine, pour ne pas dire en «assemblage» de chair. Certains sont émasculés, incapables de procréer, ad vitam aeternam. Ils ne goûteront pas au plaisir d’être père. Le Minotaure a brisé les chaînes et s’est emparé de ce qu’ils ont de plus précieux : la dignité.
De barzakh, des âmes innocentes nous interpellent.
Les moins chanceux se sont saignés aux quatre veines jusqu’au sacrifice suprême pour permettre à la magie d’une simple signature de transformer le quotidien de certains compatriotes. Parmi ces derniers, il y a ceux qui sont frappés d’amnésie et «condamnés» à ne vivre que l’instant présent. Lorsque le présent «nie» le passé, aucun futur n’est possible. Des personnes aux âmes «corrompues» sont naturellement insensibles au drame que ces jeunes ont vécu. Inutile de leur demander de tendre une oreille attentive au silence glaçant des âmes innocentes traversant le tunnel qui mène à Al barzakh. Un silence glaçant, de plus en plus insupportable pour des familles endeuillées ! Sont-elles alors, faute de justice, condamnées à s’accrocher au karma ?
Les jeunes ont porté le «projet» et c’est comme s’ils sont aujourd’hui condamnés à répéter ce cycle sans fin de l’histoire. Ils ont vécu hier, la tragédie de l’histoire. Aujourd’hui, ces jeunes prennent en pleine figure la farce tragique de l’histoire. A l’épreuve du changement, ils sont accueillis dans le ventre de la bête. Le vainqueur semble se soumettre à la loi du vaincu, au nom de la démocratie et du changement. Le système se nourrissant de subterfuges, il veut achever son œuvre : saper le moral des jeunes et les faire douter. Des hommes et des femmes, toujours tapis dans l’ombre de l’administration, reproduisent les mêmes comportements, en raison de la peur de changement ou de l’incertitude. Ils constituent une force d’inertie pouvant retarder le déploiement du «projet », en générant des conflits.
L’éternel retour du même
La farce se transforme en tragédie quand ceux qui se sont opposés au changement, avec une violence inouïe, se font les chantres de la rupture. La farce devient tragique et insupportable quand les vaincus financent le désordre avec l’argent détourné et volé au contribuable. La farce se mue en tragédie, lorsque les ennemis du «projet», sont promus à des postes stratégiques, leur donnant ainsi les armes ou une seconde chance de combattre de l’intérieur ce qu’ils ont jadis présenté comme le monstre, parce que pouvant perturber leurs plans d’accaparement des deniers publics. La farce enfile les habits de la tragédie, lorsqu’au nom d’une paix résonnant dans le sens contraire du courage, on piétine la justice sociale. La farce de l’histoire devient plus tragique lorsque les vainqueurs déroulent le tapis rouge aux bourreaux. La farce de l’histoire de Pastef se transforme en tragédie lorsque des «pilleurs de milliards» sont hyper-protégés et sécurisés.
Lorsque les vaincus reprennent du poil de la bête, nous pouvons, alors, affirmer, avec certitude, que la farce de l’histoire peut s’avérer plus tragique, plus terrifiante ! L’éternel retour du même ? Seul le surhomme peut revivre avec dignité la tragédie de l’histoire…surtout lorsqu’elle se mue en farce.
Par Bacary Mané www.mondeafrik.com